Au Parlement, Bassima Haqqaoui change de position sur le viol et le mariage des mineures
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Cela s’est passé lundi 16 avril, au Parlement, lors de la séance des questions orales de la Chambre des députés. Interpellée par deux partis de la majorité, le PPS et sa propre famille politique, le PJD, sur la recrudescence des cas de viols et la protection des filles mineures contre les violences graves, Bassima Haqqaoui a confirmé, en direct (et à son corps défendant?) que la politique était plus que jamais l’art du possible.
C’est une députée du PJD qui la première soulève les cas de viols en terre marocaine et rappelle avec une immense prudence l’affaire « Amina Filali », cette Larachoise mineure mariée à son violeur et qui finit par se suicider. Une question très probablement téléphonée et qui permet à la ministre islamiste de condamner fermement le viol et de lancer avec fermeté que « la place d’un violeur est en prison ». « Si vous voulez renforcer les sanctions contre les auteurs d’un tel crime, c’est à vous de le faire en tant qu’institution législative. En Egypte par exemple, la peine de mort est requise contre ceux qui se rendent coupables de viol », lance-t-elle aux députés avant d’annoncer que son département a entamé des consultations avec le ministre de la Justice et des Libertés. «Des mesures seront bientôt annoncées dans le cadre de la lutte contre les violences contre les femmes », promet-elle.
Souvent femme varie, dit l’adage bien misogyne mais ô combien de circonstance. Contre toute attente, ce lundi 16 avril, Bassima Haqqaoui botte en touche sur le mariage des filles mineures, évoque l’article 20 du code du statut personnel relatif au mariage des mineures, dit aux députés qu’ils ont toute latitude de changer la loi avant d’offrir à l’auditoire un tour du monde de tels mariages en Italie, en France, en Ecosse ou encore aux Etats-Unis où les mineures ne peuvent pas se marier avant l’âge de 16 ans et après autorisation du juge.
Dans les travées de l’hémicycle, la stupeur atteint des sommets. Finie la ministre islamiste qui s’était attirée les foudres du mouvement féminin marocain en appelant à un débat national après le suicide d’Amina Filali sans jamais lui concéder le statut de victime. Terminée aussi la ministre Pjdiste qui affirme à la presse que « se marier avec son violeur n’est pas toujours un préjudice ».
Un virage à 180 degrés d’une responsable gouvernementale pour qui les droits des femmes sont loin d’être un principe universel que la députée PPS, Charafat Afilal, ne manque pas de relever avec finesse. «Je salue Madame la ministre le changement de votre discours. Il y a peu vous sembliez, dans vos déclarations, ne pas être contre le mariage des filles mineures, pas plus que vous n’étiez contre les violeurs qui se mariaient avec leur victime pour échapper à la prison. Aujourd’hui, vous êtes enfin une femme d’Etat et non pas une responsable d’association », dira la parlementaire de gauche à l’adresse de Bassima Haqqaoui. « Ce sont tous les articles du Code pénal portant préjudice aux femmes qui doivent faire l’objet d’une réforme. Au regard de la nouvelle Constitution qui consacre l’égalité entre les femmes et les hommes de ce pays, le Code pénal actuel est caduc», ajoutera-t-elle.
Faut-il applaudir la ministre PJD des femmes pour ce changement radical qui la rapproche davantage du mouvement féminin et du combat pour les droits des Marocaines ? Est-ce un nouveau discours uniquement de circonstance confirmant l’inconstance de Mme Haqqaoui en matière des droits des femmes dont elle n’est pas particulièrement une fervente défenseure ? « C’est un peu de tout cela à la fois. Il ne faut pas oublier que Bassima Haqqaoui se rend dans les tout prochains jours à Strasbourg où elle est invitée à évoquer la situation des femmes marocaines devant la commission de l’égalité. Ses déclarations au Parlement lundi sont aussi à usage externe, histoire de préparer son premier voyage à l’international », fait savoir cette députée.
Un rapport accablant sur la question de l’égalité homme/femme au Maroc sera d’ailleurs présenté par la rapporteure de cette commission, la députée européenne Fatiha Saïdi. Il y a quelques semaines, Bassima Haqqaoui s’était abstenue de rencontrer Mme Saïdi qui avait pourtant demandé à la voir dans le cadre de l’élaboration de son rapport.